Les fouilles des différents secteurs du temple

Fouille du secteur STC

Fouille du secteur STC.

Les fouilles menées ces dernières années dans le secteur sud du complexe économique (STB, STC, STD, STE, STF, STN et STO) ont révélé l’existence de cuisines et de boulangeries, d’une intendance (STE), d’une école (la première « maison de vie » localisée matériellement dans le contexte d’un temple pharaonique), et d’ateliers (STF) localisés dans l’angle sud-ouest, et qui sont toujours actuellement en cours d’exploration. Le produit archéologique est considérable et concerne les différentes séquences de l’occupation du site. L’école du Ramesseum (STO) a notamment livré près de deux cents ostraca (documents littéraires, extraits d’un manuel de calligraphie, exercices d’écriture et de sculpture, petit matériel de scribes et jeux). L’exploration en profondeur de l’espace situé devant le parvis de cet établissement a également révélé des tombes contemporaines de la Deuxième Période Intermédiaire avec un rituel d’inhumation particulièrement original, et toute une production artisanale provenant d’ateliers datant du règne d’Amenhotep III/Amenhotep IV (Akhenaton). Dans le secteur STC, des tombes malheureusement perturbées depuis l’antiquité, ont été identifiées : elles datent de la Troisième Période Intermédiaire et dans l’une d’elles, avait été inhumé un certain Harsièsis, fils d’un premier prophète d’Amon-Rê de Karnak, (Iouwelot, XXIIème dynastie). Dans les cuisines et boulangeries du temple (STB-STD-STE), de nombreux vestiges, retrouvés in situ, ont confirmé la vocation des lieux : fourneaux, plans de travail, vaisselle abondante et restes de végétaux qui ont été étudiés, analysés et identifiés. C’est au cours de cette fouille qu’il a été également établi que certaines structures en pierre avaient fait appel à des matériaux de remploi remontant aux règnes d’Hatshepsout et de Thoutmosis III : plusieurs centaines de blocs iconographiés, provenant d’un monument thébain de ces deux rois, en partie martelé, démantelé et réutilisé sous le règne de Ramsès II, ont été classés, entreposés sur des banquettes et font encore actuellement l’objet d’un relevé graphique en vue de leur publication. Dans le secteur nord du complexe économique du temple, les recherches ont tout autant avancé. Dans le groupe des magasins STH, les fouilles ont permis de faire la connexion entre certains entrepôts et leurs produits, notamment vin et huile d’olive. Plusieurs centaines d’étiquettes de jarres, inscrites au nom des vignobles et des oliveraies de Ramsès II ont été découvertes au fil des dernières missions. Certaines de ces étiquettes, datées des années du règne, sont riches d’enseignement. On apprend ainsi que les produits ne venaient pas exclusivement des domaines de la famille royale, mais pouvaient émaner également de propriétés appartenant aux colosses royaux : l’huile d’olive que contenaient certaines jarres du Ramesseum, provenait, par exemple, d’un domaine septentrional de « Soleil des Princes », nom donné au gigantesque colosse de Ramsès II qui se dressait jadis dans la première cour du Ramesseum. Ce secteur a révélé aussi une importante concentration de tombes de la Troisième Période Intermédiaire, certaines d’entre elles étant même établies en surface, voire dans les murs des magasins. Sur la voie processionnelle nord (APN), les recherches se sont avérées tout aussi fructueuses et ont abouti à d’importants résultats. On retiendra surtout que grâce à ces travaux, il est désormais possible de suivre l’évolution et l’extension de la nécropole de Troisième Période Intermédiaire établie à la périphérie du temple, mais aussi de mieux comprendre comment se présentait, à cet endroit, l’ordonnance architecturale des lieux à l’époque ramesside. L’exploration de cette grande voie, sur les trois-quarts de sa longueur, a permis de rassembler des informations inédites sur le dromos, bordé de près d’une centaine de paires de chacals en grès, couchés sur des chapelles naoformes. L’un d’eux a d’ailleurs pu être reconstitué à partir de plusieurs fragments, selon le principe de l’anastylose. Cette voie processionnelle qui entourait le Ramesseum sur trois côtés, constitue un dispositif unique dans l’architecture des temples pharaoniques. Si le tronçon nord était constitué de chacals hauts de ± 3,60m (avec la chapelle), les fouilles ont confirmé que sur le tronçon ouest (APO) (non encore complètement exploré) se trouvaient des androsphinx. Quant au tronçon sud (APS), sur lequel seule une base a pu être identifiée jusqu’à présent, il est encore trop tôt pour connaître le type de monument qui en ornait toute la longueur. Ces aménagements périphériques posent un intéressant problème concernant les circulations dans le temple de Ramsès II à l’occasion de cérémonies solennelles et, d’une manière plus générale, sur les périples liturgiques qui se déroulaient à l’occident de Thèbes au cours du Nouvel Empire : certains d’entre eux, comme celui de la « Belle Fête de la Vallée », ont certainement connu des variations ou modifications en fonction des rois régnants et de l’implantation de leurs châteaux de millions d’années.