Le mammisi et la filiation divine de Pharaon

Le mammisi ou « lieu de la naissance » doit son nom à J.-F. Champollion qui l’emprunta au vocabulaire copte pour désigner de petits monuments de Basse Epoque consacrés au mystère de la naissance divine. On ignorait alors que Ramsès II avait été un précurseur, en annexant au nord de son temple un édifice autonome, dédié à sa mère Touy et à son épouse Nefertari, dans lequel il fit représenter les scènes de sa conception divine. C’est là une innovation architecturale. Jusqu’ici ce concept ancien de la théogamie, traduit en image par Hatshepsout à Deir el-Bahari, puis repris par Amenhotep III à Louqsor, trouvait sa place dans une des salles du temple. Ramsès II associa à ce monument sa prolifique descendance.

Le temple-mammisi, jouxtant le Ramesseum côté nord. © Yann Rantier/CNRS

Mammisi.
© Yann Rantier/CNRS

Ce petit temple, aujourd’hui arasé, mais dont le plan se dessine encore au sol, a été identifié comme tel, en 1971, grâce à la découverte sur le site de fragments inscrits et de blocs réutilisés dans les adjonctions tardives du temple thoutmoside de Médinet Habou. Sur l’un d’eux, figure l’union de la reine Touy avec le  dieu Amon.

Dans le cadre des fouilles effectuées vers 1935 par l’Oriental Institute of Chicago, des dépôts de fondation au nom de Séthi Ier et de Ramsès II furent découverts in situ, suggérant qu’un premier monument avait pris place en ce lieu à l’époque de Séthi Ier. Les relevés établis par l’équipe américaine de Chicago et les fragments de chapiteaux hathoriques recueillis sur le site, ont permis, en 1991, une première reconstitution axonométrique, qui donne une bonne idée des composantes de l’édifice.

Depuis 2010, une fouille systématique de cet édifice ruiné a été entreprise sous la tutelle de la MAFTO et du CSA. Elle a été confiée à une équipe de l’Université Libre de Berlin, dans le cadre d’une convention de partenariat scientifique.

Christian Leblanc
Monique Nelson

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